(…) En 2010, au moment du concours, tandis que leurs concurrents s’échinent à évider le cœur jugé trop large de cet îlot triangulaire, Benoit Jallon et Umberto Napolitano y décèlent au contraire un opportun Flat Iron, à construire d’un bloc. Et alors qu’alentour l’injonction d’exemplarité environnementale édictée par la municipalité engendre la démultiplication des matériaux, des couleurs et des nus de façade, ils optent pour un monolithe de béton noir dans lequel ils détourent 202 fois la même baie. Pourquoi les deux associés de LAN peuvent-ils se permettre ce type de posture ? Parce qu’ils sont à la fois extrêmement lucides quant aux difficultés recelées par cette apparente simplicité, et suffisamment sûrs d’eux-mêmes pour en maîtriser les implications typologiques et techniques. En procédant à l’extrusion littérale de l’îlot et en neutralisant la façade, ils disent avoir cherché à réactiver une logique haussmannienne de densité et de flexibilité. Tout en invoquant Aldo Rossi pour expliquer leur quête d’une forme qui perdure à la fonction et préside à la construction, ils font aussi preuve d’une réelle réflexion sur sa distribution intérieure et son habitabilité (…)
Une neutralité salutaire : deux opérations de LAN à Paris
d’a, n° 232, décembre 2014, pp. 108-119.